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dimanche 4 décembre 2011

Tintin et le Mystère de la Toison d'or de Jean-Jacques Vierne

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La mode, ça va, ça vient. Quand j'étais plus jeune, la coqueluche de l'école c'était Tintin, reporter intrépide qui partait aux quatre coins du globe, accompagné du capitaine Haddock, vieux loup de mer porté sur la bouteille, et de son ami canin Milou, pour vivre des aventures toutes plus extraordinaires les unes que les autres.

Aujourd'hui, les jeunes ne jurent plus que par Titeuf ou Kid Paddle. Tintin, c'est "ringard", "trop vieux", voire même "trop long à lire". Pas étonnant que les gamins d'aujourd'hui ne savent plus écrire !

Tout ça pour dire que le nouveau film de Steven Spielberg risque bien de changer la donne, et faire redécouvrir à nos chères têtes blondes ce personnage dont les dernières heures de gloire remontent aux années 90, au sein d'une série animée aussi fidèle que réussie.

Je n'en dirai pas autant de ses précédentes incursions sur grand écran. En effet, outre des dessins animés au graphisme parfois approximatif (excepté peut-être le Lac aux Requins), Tintin fut également adapté en live, avec des acteurs en chair et en os, dans le cadre de deux films aux titres pour le moins évocateurs : le Mystère de la Toison d'Or et les Oranges bleues.

Je ne vous étonnerai pas en disant que les titres m'ont laissé songeur. Et je ne vous surprendrai pas davantage en vous disant que rien que le début de la Toison d'Or m'a fait sortir de mes gonds !

"Tiens, voilà le facteur !"

Ce qui est scandaleux dans cet extrait n'est pas tant le fait que le facteur ne sache pas remonter sa selle de bicyclette, mais bien la bâtisse qui sert de château de Moulinsart ! Pour ceux qui l'ignorent, le château de Moulinsart est, en réalité, inspiré du château de Cheverny, dont voici la photographie :

Il suffit d'enlever les 2 extrêmités...
Et voici le château de Moulinsart !

 Dans ces conditions, pourquoi diable ne pas avoir tourné en extérieur au château de Cheverny ?!!

Arrive alors la première scène de dialogue...

Sur-jeu vs. sous-jeu

... et le moins qu'on puisse dire c'est que, si les acteurs sont physiquement parfaits (encore que la barbe du capitaine soit de tout évidence FAUSSE), leur jeu d'acteur laisse malheureusement bien à désirer.

Prenons le cas de Jean-Pierre Talbot. Oui, il ressemble à Tintin. Oui, il fait ses cascades lui-même, ce qui mérite d'être cité. Oui, il semble convaincu par son rôle. Oui, son visage exprime des expressions justes. Mais, à sa manière de bafouiller ou de faire en sorte que chacune de ses répliques tombe à plat, on devine que les cours de diction n'ont pas été sa priorité...

Quant à Georges Wilson, c'est le contraire. Il semble tellement habité par le personnage du charismatique capitaine Haddock, qu'il en fait des tonnes ! Alors parfois ça passe, parfois c'est plus lourd à digérer...

The Georges Wilson's Show

Mais la palme revient au génial Dario Moreno (chanteur d'opérettes de son état) qui nous livre ici une splendide performance.

C'est ce qu'on doit appeler des larmes de crocodile...

En fait, le meilleur acteur de ce film c'est... Milou.

Heureusement qu'il est là pour relever le niveau.

Le point sur les acteurs étant traité, penchons-nous maintenant sur le scénario. Si l'histoire en elle-même n'est pas directement tirée d'un album d'Hergé, elle puise cependant ses rebondissements dans une grande partie des aventures de Tintin. On ne se surprendra donc pas à trouver des allusions au Secret de la Licorne, au Trésor de Rackham le Rouge, à l'Ile Noire, à l'Etoile Mystérieuse, et à bien d'autres encore. Ce qui n'empêche pas l'intrigue d'être cousue de fil blanc.

En résumé, le film débute avec une lettre qui annonce, au capitaine Haddock, le décès d'un de ses amis marin. Ce dernier lui lègue, par son testament, la Toison d'Or, un navire aussi miteux que mystérieux. Car c'est qu'il attire bien des convoitises ce navire ! Ainsi, un riche négociant souhaite le racheter à Haddock, pour une somme astronomique dépassant de très loin la valeur du rafiot. Je vous laisse deviner l'identité du négociant, vous allez en tomber des nues !

Non, vous ne rêvez pas. Tintin va affronter Lacoste !

Comme vous vous en doutez certainement, ce mystérieux homme d'affaire (qui ne s'appelle pas Lacoste mais Karabine) s'avèrera être le méchant de l'histoire. Et cela, vous le saurez à peine 10 minutes après la négociation, lors de cette séquence fort instructive...

Mais qui donc a bien pu fomenter ce traquenard ?

Côté réalisation, pas grand chose à dire, si ce n'est que le réalisateur se contente de filmer platement les performances de ses acteurs, sans visiblement leur donner beaucoup d'indications sur ce qu'ils doivent faire. En témoigne cette scène, où notre pauvre capitaine Haddock semble ne plus savoir sur quel pied danser.
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Même les Dupondt en restent pantois !

Mais l'élément principal, qui fait entrer définitivement le film dans le domaine du nanar, est bien la musique ! Du générique de début au générique de fin, vous entendrez encore et toujours la même ritournelle, que ce soit dans les moments de promenades ou de course-poursuites. Et quand le compositeur André Popp daigne changer de disque, c'est pour nous livrer des morceaux plus kitschs encore !
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Le thème des Dupondt, le pivot central de ce film !


Venons-en maintenant aux boulettes. Et croyez-moi, les amis, elles sont difficiles à trouver, mais néanmoins présentes. La première d'entre elles concerne ce cher capitaine Haddock. Voyez-vous, je me suis toujours demandé comment ce dernier pouvait être aussi maladroit dans la bande dessinée. Grâce à ce film, j'ai la réponse à ma question : il le fait EXPRES !

Mais que fabrique le capitaine au second plan ?

La seconde, quant à elle se trouve dans une réplique de Tintin qui m'a proprement sidéré.

Ai-je rêvé ? Ou bien Tintin a bien dit "en France" ?


Alors, pour les néophites, cette petit coquille passera inaperçue, mais sachez tout de même que Tintin est BELGE, et que, d'après des experts de la bande-dessinée, le château de Moulinsart est situé, lui-aussi, en BELGIQUE !


Conclusion : Tintin et le Mystère de la Toison d'Or n'est pas un film totalement mauvais. Le scénario, ainsi que le character-design des personnages, prouvent bien qu'il y a un eu un réel souci de coller au plus près de la BD. Malheureusement, de trop nombreuses maladresses (interprétations inégales, musique kitsch...) empêchent la magie d'opérer totalement. A voir au moins une fois pour les puristes. Quant aux autres, passez votre chemin.


P.S. : La séquence "What the f*** ?"

Sans commentaire...

2 commentaires:

  1. Comment est le professeur Tournesol dans ce film ?
    Razkan

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  2. Oulà oui ya du dossier ici !

    Alors comment dire .... Un film construit pour rendre hommage au fan de tintin, fidèle au decorum de la bd avec des sosies en guise d'acteurs.

    Ils ont voulu faire plaisir et créer une certaine originalité en créant un scénario nouveau qui avait à la fois l'avantage de calquer précisément les besoins cinématographiques et de transgresser les histoires de la BD. Or quand on veut créer une histoire nouvelle d'une série connue, le minimum est de la faire en collaboration intense avec l'auteur. Hergé étant mort en 1983, la question à se poser ici est si Jean-Jacques Vierne a collaboré suffisamment avec ce dernier pendant la réalisation de ce film sorti en 1961 ?

    Le commentaire est encore une fois bon. Mais où est la Castafiore ????

    En tout cas rien d'étonnant à ce qu'un industriel de prêt-à-porter recherche une toison d'or.....

    L'anonyme de derrière les fagots

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